mercredi 18 avril 2012

La voile n’est pas un sport extrême

La voile n’est pas un sport extrême

À lire les commentaires sur les différents médias sociaux, on a l’impression que la voile est un sport extrême. Voici un article écrit par un nouveau plaisancier qui montre par quoi il est passé pour devenir un mordu de la voile. Aujourd’hui, il navigue en eau douce sur un voilier sécuritaire, il s’amuse avec sa petite famille sur le lac Champlain. Il s'est bien préparé à sa carrière de plaisancier de voile. Ce n'est pas un sport extrême, mais...
Voici l’article qu’il me faisait parvenir
Enfin à bord de mon voilier
Remarques d'un nouveau plaisancier
Tribord amure, jolie brise, au près, les voiles bien ajustées, nous filons à six nœuds … Enfin je navigue sur mon propre voilier ! J'ai appris les rudiments de la voile les deux pieds sur le pont. Je me sentais en sécurité avec lui, tout lui semblait si facile, … Il me laissait de la place, me permettait de faire mes erreurs, me corrigeait … Je savais qu'il ne me laisserait pas faire de conneries trop compromettantes. J'ai loué quelques voiliers depuis, …pas eu de pépin … C'est vrai qu'il y avait peu de vent durant le premier WE. Et il y a eu d'autres sorties, la semaine avec l'ami Jean-Paul, il me disait connaître l'art de la voile. On repassera … Heureusement mon maître-capitaine m'avait bien dirigé et la confiance m'est soudain revenue, surtout quand j'ai vu aller mon compagnon de fortune, il fallait surtout ne pas lui laisser trop de place. Fort heureux que Manon n'ait pas été là … et avec les enfants … l'empannage accidentel, de justesse il se serait fait prendre les doigts dans le winch de l'écoute du génois. Il s'était déjà brûlé les mains avec le retour du génois en le sortant … Et puis, j'ai été obligé de lui dire qu'il fallait lover la drisse, une fois la GV montée … J'ai donc dû lui donner des directives claires et précises, c'était ce que m'avait montré mon maître à penser … Bon, … trêve de pensés inutiles, il fallait profiter de cette belle journée, il faisait une belle brise de 15 nœuds du sud, le bateau filait bien, … Le temps était un peu lourd, il faisait chaud, mais … «Que vois-je ? Quelques gros nuages dans l'hémisphère ouest, … le baromètre ? Les équipiers ? Sommes-nous prêts ?»
Cette fois-ci, La Marotte a préféré affaler et se rendre à un abri,
à moteur en apercevant ces nuages menaçants.
NB: La Marotte a longuement fait partie de notre école de voile …
Elle a été vendue et revendue, elle serait rendue dans la région de Québec
Le proprio peut toujours nous tenir au courant de ses aventures,
il nous fera plaisir de les publier
Les enseignements de mon maître me reviennaient :
" Si le vent forcit … Comment ça se présente : juste un vent plus fort ? Un grain ? Le baromètre est-il à la baisse? Les nuages sont-ils menaçants ? Où sont-ils ? Les conséquences possibles ? Les régions naviguées ? Lac ? Mer ? Espace ? Côtes dangereuses ? L'équipage à bord ? Aide ou nuisance ? La moyenne s'établit sur l'ensemble ! Les personnes non-initiées sont des boulets, tu dois t'occuper d'eux en plus du bateau. Faut leur montrer à se déplacer sur le voilier, à ne pas t'encombrer au moment d'une manœuvre … Où sont les gilets de sauvetage, … L'essentiel des mesures de sécurité, … la bouée de récupération, … la ligne d'attrape, …"


La marotte éprouve quelques difficultés,
l'équipier a échappé l'écoute du foc, la GV est arisée

«Suis-je bien préparé à faire face à ce coup de chien ? On me l'a bien montré, mais ai-je bien appris ? Puis-je faire face à ce coup de vent ? Mon bateau est-il bien équipé ? Le moteur va-t-il démarrer si j'en ai besoin ? Ai-je bien préparé mon plan de route, … et l'itinéraire ? Me serais-je engagé dans une aventure au-delà de mes capacités, de mes connaissances ? … Les passe coques ? La pompe de cale ? Les feux de navigation ? … De toute façon je dois rentrer avant la nuit ! VHF ? J'ai fait une vérification radio ! Mon bateau me cacherait-il quelques défauts majeurs ? Les autres défauts, les petits, ceux que je devais réparer, seront-ils sans conséquences ? Mon voilier va-t-il me supporter ? Ai-je bien écouté la météo ? Bien lu mon baromètre ?»

Le choix, la prise de ris
L'équipier double le point d'écoute, grande tension
« Tu as plusieurs choix : affaler, en catastrophe ou non, ariser, réduire le génois, le changer pour le foc de route, filer vers un abri … Où sont ces abris identifiés sur ton parcours? Et si c'était la fuite ? … Le meilleur comportement d'un bateau ! Évalue comment ton bateau se comporte sur cette allure, trois quarts arrière ?» J’ai enfin vu : mon voilier s’est sauvé devant le vent, … sa force a diminué, … dans le lit du vent, sa résistance à la gîte est plus élevée, … avant de relever le cul ! … «Les eaux seront-elles assez profondes dans cette nouvelle direction ? Par contre si ce coup perdurait, faudrait envisager une autre solution. Souviens-toi qu'un voilier se défend bien dans la fuite ! Tu pourrais aussi réduire ton génois ! Tu dois te souvenir que, par gros temps, cette manœuvre, est plus facile si ton génois était caché derrière la GV. Allons, refaisons cette manœuvre ! …»  Voir la manœuvre complète au http://www.voileevasion.qc.ca/fuite_gros_temps.htm
Je me suis dit : Au lieu de fuir, si j'arisais ? Vais-je être encore capable de faire un ris en naviguant ? J'aurais du écouter mon maître et le pratiquer plus souvent… Aurai-je le temps ? Vous pouvez voir la manœuvre de prise de ris au http://www.voileevasion.qc.ca/Ris/ris_en_marche.htm


Le Roi-Soleil, un ris et un foc de route sur étai largable *
Il peut ainsi prendre du bon temps.
* pour l'étai largable voir http://www.voileevasion.qc.ca/poser_%E9tai_larguable.htm

Affaler en catastrophe ? Voilà ! J’aurais pu me placer au près, garder ma voile avant bien bordée, choquer ma GV, je serais allé au mât pour la descendre, Jean-Paul garcettes à la main aurait sauté sur la voile aussitôt affalée pour l'immobiliser (infaisable, ça aurait pris dix minutes pour qu’il comprenne). Et dire qu’on m’avait déjà dit qu'on descendait toujours la GV nez au vent ? Heureusement qu'on m'a montré autrement, en cas d'urgence … Et on pourrait ainsi rentrer au bon abri, juste sur le génois …
Les abris étaient trop loin ? Je n'aurais pu qu'à me mettre à la cape ! Cette allure permet au voilier de rester immobilisé, toutes voiles déployées, et d'encaisser un coup de chien, mais encore faudra-t-il se souvenir que la GV devra être bordée au maximum. Le foc soit à contre, barre amarrée sous le vent, sinon on pourrait se retrouver dans un endroit indésirable, … je me souviens de Charles, il … Par temps doux, quand je serai seul avec Manon, je pourrai bénéficier de cette manœuvre pour profiter des autres plaisirs qui accompagnent la voile …
La mise à cape permet d'immobiliser le voile, toutes voiles dehors
Voilier au près, foc à contre, qui cherche à écarter le nez,
GV bordée au Max qui fait lofer, barre dessous pour voir la manœuvre complète voir http://www.voileevasion.qc.ca/mise_a_cape.htm

Je me remémore les enseignements de mon maître. On a également pratiqué la cape sèche. Moins agréable, le vent de travers, le voilier roulait. Ce serait vraiment le pis-aller. La cape sur ancre flottante : petite voile montée à l'arrière, un traînard en forme de cône frappé à l'avant garde, le voilier nez au vent. Sûrement pas, je n'ai ni petite voile, ni ancre flottante ! Si un jour je pars en mer … On y verra …
" Le bon abri, est sûrement la solution la plus intéressante, à condition d'avoir le temps. À voile ou à moteur quand on peut aller se cacher du vent … Il faut voir à bien mouiller et à ce que l'ancre tienne … Assez lourde, bien accrochante … une chaîne au moins aussi longue que la longueur de mon bateau … bien l'accrocher à son câblot avec cosse et manille … y mettre assez de touée pour qu'elle tienne ? Et pas trop ? Il faudrait que les autres aient la chance, eux aussi, d'avoir de la place dans l'abri. On en connaît qui envahissent les baies avec des touées inimaginables ! Un ouragan peut-être ? Tu pourrais être pris à attendre que la tempête passe pour rentrer à ta marina ! Il n'y a pas de rendez-vous assez important pour risquer sa peau ! Et puis, quand on est bien caché, c'est très agréable d'écouter le vent souffler, la pluie tomber … "
                                        

                                                        La fuite peut être une bonne solution
                                 Le Roi-Soleil au ¾ arrière, la GV a été affalée, foc de route, 9 nœuds

J’aurais pu aller me réfugier à ma marina. Peut-être, mais j’ai évalué que je serais probablement plus en sécurité au large qu'à faire des approches dans ma marina, au moins il n'y a pas de bateau … l'approche d'un quai, les égratignures, … Et s'il se mettait à pleuvoir, personne pour m'aider, prendre mes amarres, c'est tellement plus facile. Au large, on a de l'espace, il n'y a pas de bateaux à frapper, d'amarres à lancer, à débarquer et à risquer de perdre son équilibre. C'est vrai qu'on m'a montré à ne jamais sauter sur un quai, mais à y descendre avec précaution. Dans l'énervement du gros temps, je me connais, j'aurais oublié de mettre mes défenses ! Et en plus, je dois arriver au quai à reculons … et l'espace est restreint … À quoi je pense ? Jamais j'arriverais à temps, c'est trop loin. Et si mon moteur me lâchait « Tu dois savoir qu'un voilier peut être en trouble, même à moteur. Une panne de moteur crée aussi des problèmes aux voiliers, mais on peut toujours se débrouiller à la voile : faire les approches à la voile, mouiller l'ancre, rentrer au port, … La patience et la dextérité sont des qualités à affiner … Et de la pratique, Allons ! Encore une fois un mouillage à la voile, mais maintenant avec le tour du chat, ça te permettra de … Tu sais, la voile n'est pas une activité dangereuse … Il s'agit de bien connaître les différentes manœuvres, de réfléchir, de ne pas prendre de risques inutiles. Quelles que soient les solutions envisagées, il faut user de prudence et bien s'organiser. Ne jamais être sur toilé … Respecter les règles de navigation. Les pieds nus sont bien jolis, mais combien douloureux quand on s'accroche les orteils dans tous les bons dieux de vache à la traîne sur le pont. Chaussures en tout temps quand on navigue et aussitôt que le vent prend, jamais aux manœuvres sans gilet de sauvetage, … »

Bavard, ce gourou ! Il m'a montré toutes les manœuvres imaginables et inimaginables, me les a fait refaire et refaire, jusqu'à ce que je les aie maîtrisées … Mon Dieu ! Combien ai-je appris depuis que je me suis lancé dans cette aventure ? Facile ? Non ! Difficile ? Peut-être … Mais, des difficultés à l'échelle humaine … Tout s'explique, tout se comprend, …Et puis, on est assez occupé pour ne pas penser au travail et au quotidien … Quand on se couche le soir, on dort.
Tiens ! Tiens ! Mes gros nuages se sont dissipés … Je peux donc continuer à naviguer paisiblement, surtout que les tendances du baromètre sont à la hausse.
Merci à Louis de m'avoir permis de m'exprimer sur son site.
Je regarde souvent le film technique de l'école de voile http://www.voileevasion.qc.ca/







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